MàJ : Après quelques jours dans la situation décrite ci-dessous, Activision est revenu sur ses positions et nous a contactés pour rétablir ses rapports avec Gameblog (voir : Activision rétablit ses relations avec Gameblog).


A l'origine, nous avions prévu de consacrer l'édito de cette semaine à l'anniversaire que nous fêtons aujourd'hui : les 5 ans de Gameblog. Bien entendu, c'était sans compter sur les récents événements qui se sont déroulés entre Activision et Gameblog, et sur lesquels vous avez été très nombreux à réagir. Plutôt que d'apporter nos réponses à vos questions dans les méandres des commentaires, nous avons donc choisi d'y consacrer cette colonne hebdomadaire, afin que tout soir regroupé et clair.

Avant de vous laisser avec nos réponses aux questions les plus fréquemment rencontrées, sachez tout de même que nous fêterons les 5 ans de Gameblog cette semaine, avec quelques petites surprises, comme prévu !


Pourquoi n'avez vous pas défendu Gamekult lorsqu'ils ont été blacklistés par Sony ?

Tout d'abord, le différend qui opposait Gamekult à Sony était à notre connaissance d'une nature différente. Il semble que Sony avait choisi de couper ses liens avec Gamekult, et d'annuler ses campagnes, mais pas à la suite d'une demande de retrait ou de modification d'un contenu qu'ils avaient publié et auraient refusé de satisfaire. On peut tout à fait déplorer que Sony ait choisi d'agir ainsi à l'époque, mais, tout comme c'est le cas avec Activision aujourd'hui à notre égard, ce choix leur appartient à 100%.

On peut aussi tout à fait comprendre qu'un éditeur choisisse d'annuler ses campagnes de publicité autour d'un jeu, sur un site qui n'a pas apprécié ce jeu et l'a noté en conséquence, même si on peut le déplorer également. Si cela devait nous arriver, nous n'en ferions pas étalage.

En revanche, lorsqu'un éditeur, quel qu'il soit, exerce des pressions et fait acte d'ingérence dans l'éditorial d'une publication (demande de retrait d'une information, de changement d'une note, etc.), il s'agit d'un problème différent. Activision aurait pu s'en tenir à notre refus, et l'affaire n'aurait alors pas pris de telles proportions. A partir du moment où Activision nous a signifié qu'ils annulaient leurs campagnes, rompaient tout lien professionnel (invitations aux événements presse, envoi des jeux, etc.), nous n'avions pas d'autre choix que de respecter leur décision, tout en informant nos lecteurs des conséquences qu'elle aurait pour Gameblog et pour eux. Nous n'avons parlé publiquement des communications qui se sont tenues entre Activision et nous qu'APRES leur confirmation que nous étions blacklistés. Notez en outre que nous avons prévenu Activision que nous informerions dans la journée nos lecteurs du blacklistage et de ses raisons, avant de le faire.

Enfin, pour l'instant, Gamekult n'a pas non plus pris position sur cette affaire, et rien ne l'y oblige.

Pourquoi avez-vous mentionné le retrait des articles de JV.com et JVN.com ?

Il est important de comprendre que nous avons mentionné (et prouvé) ces retraits pour établir clairement qu'il a été fait pression sur plusieurs publications, et pas seulement la nôtre ; qu'il ne s'agissait pas là d'une histoire inventée de toutes pièces. Il est également important pour nous, de signifier que ce genre de pressions est inacceptable, et nous espérons avant tout que ce qui s'est passé aidera tout le monde à résister à ces pressions.

Il est important aussi de comprendre que le retentissement médiatique, y compris aux Etats-Unis (via Kotaku, Gamespot, Joystiq, ou encore VG247) montre que quand on ose dire "non", on n'est pas seul, et que tout cela va bien au-delà de l'information elle-même. Par ailleurs, Activision USA a répondu à Kotaku à ce sujet en signifiant qu'ils "pensaient qu'il s'agissait d'un malentendu" et qu'ils "travaillaient à le résoudre" ; nous sommes dans l'attente de leur retour à l'heure où nous écrivons ces lignes.

Pouvez-vous nous dire combien cela vous a fait perdre en revenus publicitaires ?

Nous ne pouvons pas communiquer de sommes exactes, ne serait-ce que parce que les réservations de campagne doivent être confirmées pour être comptabilisées comme dues, mais si nous nous en tenons aux réservations annulées par Activision, le manque à gagner pour Gameblog est considérable. Suffisamment pour mettre en péril notre équilibre financier.

Pourquoi avez-vous traité une telle news ?

A l'évidence, parce qu'elle apportait un élément supplémentaire accréditant la thèse que le prochain Call of Duty serait Black Ops 2. Nous considérons que dans l'attente d'une annonce officielle d'Activision, cette information devait être traitée, même si son importance pouvait être considérée comme limitée. Il ne s'agissait en aucun cas d'une rumeur, mais bien d'un fait simple : Amazon a référencé le jeu "Call of Duty Black Ops 2" avant de faire machine arrière.

Pourquoi un tel remue-ménage autour d'une telle news ?

L'important n'est pas la news elle-même qui n'a en effet rien, semble-t-il, de si important (ce genre de news est courant, et d'autres éléments suggéraient déjà que le prochain Call of Duty serait probablement Black Ops 2) ; il s'agit de la tentative d'ingérence d'un éditeur et de notre refus d'obtempérer. Les conséquences de ce refus modifiant sérieusement notre capacité à traiter l'actualité d'Activision, nous nous devions également de vous en informer.

Pourquoi Activision a-t-il fait pression sur les médias français pour une telle news ?

Cette question devrait surtout être posée à Activision France. Tout ce que nous pouvons dire, au vu des conversations que nous avons eues avec cet éditeur, c'est que les problèmes liés à la publication de cette news semblent dépasser le simple cadre de la fuite sur Amazon. Mais nous ne savons pas à l'heure actuelle les détails exacts des implications pour Activision France ou Amazon France. Tout ce que nous pouvons affirmer, c'est ce qu'Activision nous a dit : que nous ne mesurions pas la portée des conséquences de notre refus, et que cette news plaçait des gens en porte-à-faux. Activision France n'a pas souhaité nous donner de plus amples détails à ce sujet. Et bien que nous déplorions les difficultés éventuelles que cela a pu ou peut créer pour Activision France et/ou Amazon France, nous ne pouvions pas procéder autrement.

Comment se fait-il que vous soyez les seuls à avoir maintenu cette news ?

Nous ne sommes pas les seuls. Le site Xboxygen, par exemple, a lui aussi maintenu la news, et il semble qu'ils en subissent, également, les conséquences au travers d'un blacklistage similaire au nôtre.

Pourquoi ne pas vous regrouper avec les autres journalistes afin d'être plus fort face à ce genre de pressions ?

Nous réfléchissons actuellement, aux côtés d'autres journalistes de jeu vidéo travaillant pour des médias divers (TV, Radio, presse papier ou web) à la création d'un Syndicat à cet effet. Nous vous tiendrons évidemment au courant des évolutions de cette réflexion et de son éventuelle concrétisation.

Allez-vous boycotter les jeux Activision ?

Non. Il n'y a pas de raison que cette affaire remette en cause le traitement que nous devons à nos lecteurs des titres édités par Activision. Elle sera, de facto, plus difficile pour nous puisque Activision ne nous aidera pas à couvrir son actualité, mais il n'en demeure pas moins que cette actualité mérite d'être couverte, indépendamment des différends qui peuvent nous opposer à l'éditeur.

Allez-vous changer votre façon de noter les Call of Duty ?

Non. Nous notons un jeu, pas la politique de son éditeur face à la presse. Un jeu est noté par rapport à l'appréciation que nous en avons, et pour informer nos lecteurs de notre opinion à son sujet. En aucun cas une note ne doit prendre en compte les difficultés ou les différends qu'il peut y avoir, à un niveau personnel ou professionnel, entre l'éditeur d'un jeu, et la rédaction ou ses membres.

Par ailleurs, il est important de bien distinguer le développeur du jeu, de l'entité qui l'édite. Le développeur d'un jeu n'est pas censé être responsable de la politique de communication de son éditeur. Les actes de son éditeur ne devraient donc en aucun cas se refléter sur l'appréciation du travail fourni par un développeur. Les développeurs du prochain Call of Duty ne sont pas ceux qui nous ont blacklistés ; de même, les développeurs de Quantic Dream n'étaient pas ceux qui avaient blacklisté Gamekult.

Ce "blacklistage" concerne-t-il aussi les jeux Blizzard ?

A notre connaissance, non. Blizzard, bien qu'appartenant au même groupe, dispose de son propre organe de presse, et gère ses sorties, ainsi que leur couverture par les médias, indépendamment d'Activision.


Nous espérons que ces réponses aideront tout le monde à mieux comprendre les enjeux, la logique, et la nature de notre position.

Bien évidemment, nous remercions vivement tous ceux qui nous ont apporté leur soutien, ici ou ailleurs. Peut-être Activision changera-t-il de position à l'issue de ce qui s'est passé ces derniers jours, et nous sommes bien entendu tout à fait disposés au rétablissement du dialogue s'ils en prennent l'initiative ; mais, plus important encore, il s'agit à nos yeux, pour nous comme pour nos confrères, qu'ils soient dans notre cas ou non, d'un précédent qui doit aider à ce que ce genre de choses ne se reproduise pas.